Avec sa médaille d'or olympique, ses 6 titres de champion du monde, un titre de champion d'Europe, 5 médailles d'argent et 2 de bronze, le palmarès impressionnant de Jean-Christophe Bette le place aujourd'hui à la 3ième place en nombre de médailles de l'histoire de l'aviron français derrière Jérémie Azou et Gaston Delaplane. Il se raconte 20 ans après son premier titre de champion du monde.
En 1998 à Cologne (Allemagne) vous avez remporté avec panache le titre de champion du monde en 2-PL. Aujourd'hui, que signifie pour vous ce titre mondial ?
Encore aujourd’hui je garde un souvenir impérissable de ce moment. Moment qui a été tout aussi mémorable pour de nombreuses personnes qui me sont chères et qui étaient présentes ce jour comme bien sûr mes parents mais aussi tous les fidèles du club de Compiègne.
Cela restera un titre à part pour moi car tout simplement c’est le premier.
On ne peut pas dire que l’on s’y attendait avec Vincent même si au fil des courses de ces championnats, on effaçait petit à petit nos complexes vis-à-vis de nos ainés et on se sentait capable d’aller chercher cette première place.
Plus personnellement, cette médaille m’a fait prendre conscience que beaucoup de choses étaient possibles et en particulier pour les Jeux Olympiques. Cela a été pour moi l’un des socles de ma confiance qui m’a suivie pendant de longues années après.
Quand avez-vous rangé vos avirons tricolores ?
J’ai commencé l’aviron en 1989 à Compiègne où je suis toujours licencié (même si je ne rame plus). J’ai été champion de France pour la première fois en 1993 en 4+ cadet, à l’époque c’était de jeunes seniors du club tel que Bertrand VECTEN qui nous conduisaient aux régates…
J'ai ensuite pu participer et gagner la Coupe de la Jeunesse à 2 reprises sans réussir à intégrer le groupe A chez les juniors.
En 1996 j’ai choisi de rejoindre le pôle France de Lyon et c’est à ce moment que je fis connaissance avec Vincent et que notre paire s’est construite.
Nous participons ensemble aux Championnats du Monde -23 en 4-PL à 3 reprises en terminant une fois 2ème et deux fois 1er avant notre 1ère participation aux championnats du Monde en 1998 avec le succès que l’on connait.
En 1999 la saison s’annonce compliquée, Vincent est écarté du groupe et je suis appairé à Jean-Baptiste DUPY pour les Championnats du Monde en 2-PL où nous finissons 4ème.
Pour la suite, la blessure en cours de saison de Jean-David BERNARD me donnera l’opportunité de prouver ma valeur au sein du 4-PL pour le JO et de remporter le titre Olympique.
Sur la lancée, je termine 3ème en 4-PL et 1er en 8PL aux championnats du Monde 2001. 2002 et 2003 seront des années compliquées avec une non-qualification pour les JO de 2004. Puis 2005 et la construction d’un nouveau 4-PL performant avec lequel je gagnerai un titre de champion du Monde et 2 de vice-champion avant de terminer 4ème aux JO de 2008. Pour terminer, retour au 2-PL avec Fabien TILLIET où nous remportons deux titres de champion du Monde et une 3ème place. En 2012 je décide de raccrocher les pelles et je ne suis jamais remonté en bateau depuis.
C’était une décision mûrement réfléchie et assumée car j’avais envie de passer à autre chose.
Quels conseils donneriez-vous aux rameurs venant de remporter un grand succès international ?
Jusqu’à présent, notre sport a su construire des hommes (dans le sens large du terme) avec une tête bien faite et représentant des valeurs pleines d’humanisme. Je n’ai pas de conseil particulier à donner à part peut-être celui d’en profiter et de le partager.
Quand avez-vous pensé à votre après-carrière sportive et comment l’avez-vous organisée ?
J’y avais pensé un peu lors de la reprise de la saison après les JO de 2008, mais n’étant pas encore prêt à arrêter, j’avais tout projeté pour un arrêt en 2012 quoi qu’il se passe.
Côté professionnel je n’avais pas trop de souci à me faire car j’occupais déjà un poste chez EDF que je devais prendre à plein temps et côté sportif, j’avais pleins de projets que me tenaient à cœur et que je n’avais pas eu le temps de réaliser pour mon autre passion, la montagne.
J’ai donc tout organisé pour me rapprocher des montagnes ce que j’ai pu faire dès 2015.
Ramez-vous toujours ? Si non, pratiquez-vous un autre sport ?
Non, comme je l’ai dit précédemment, je ne suis pas remonté dans un bateau depuis 2012 et cela ne me manque pas.
Je pratique, en plus du vélo, tout sport de montagne comme le trail running, le ski de fond et plus assidûment le ski-alpinisme.
Êtes-vous investi dans votre club ?
Non, principalement par le fait que j’habite loin de mon club.
Et aujourd'hui, que faites-vous de la vie ? (métier, famille, sport...). L'aviron a-t-il influencé votre orientation professionnelle ?
Ma vie s’articule toujours autour de la pratique du sport qui est quotidienne. De préférence en extérieur et en montagne. J’ai choisi à l’époque d’intégrer l’entreprise EDF car cela me permettait de continuer le sport et d’avoir un métier, aujourd’hui ce choix me permet en plus d’avoir un métier qui me plait, en lien lui aussi avec la montagne et l’eau (je travaille au Groupement de Maintenance Hydraulique Alpes).
Pensez vous que la pratique de l’aviron a développé chez vous des qualités, des compétences ou des comportements particuliers qui seraient indispensables à la réussite ? Quels seraient-ils et comment vous en êtes vous servi après, dans votre vie professionnelle ?
La pratique de l’aviron m’a construit c’est certain, d’une part par la confiance en moi que cela m’a permis d’acquérir mais aussi par l’appréhension du relationnel humain qui me sert dans la vie de tous les jours et au travail aussi.
Mener de front haut niveau sportif et formation est souvent difficile en aviron. Quels sont les 2 ou 3 conseils que vous donneriez aux jeunes rameurs et rameuses qui, comme vous, ont choisi cette voie ?
Je dirai que le plus difficile c’est de trouver sa voie, de savoir pourquoi on fait tout cela et pourquoi en s’investit autant. Une fois que l’on a répondu à ces questions, on peut tout faire !
Racontez une anecdote, une histoire, un entraînement, une course, un fait qui vous a marqué.
Une chose qui ne se fait plus maintenant d’après ce que j’en sais, et qui m’avait bien plu à l’époque : le bizutage par les rameurs PL pointe du groupe A.
Nous étions regroupés ensemble sur le même lieu de stage à Temple sur Lot et les rameurs du groupe A qui étaient au même nombre que nous les B nous avaient concoctés un programme sympa. Chacun avait un parrain pour la soirée et après un quiz-apéro c’était direction resto en ferme-auberge. Certains comme moi n’ont pas tenu jusqu’au plat principal… Je garde vraiment un très bon souvenir de cette soirée, qui malgré ce que l’on peut en penser, a permis de casser certaines frontières entre le groupe A et B et su créer une belle émulation chez les PL par la suite.
Palmarès international de Jean-Christophe Bette
1998 Championnat du Monde seniors SHPL 2- 1ier
1999 Championnat du Monde seniors SHPL 2- 4ième
2000 Jeux Olympiques SHPL 4- 1ier
2001 Championnat du Monde seniors SHPL 4- 3ième
2001 Championnat du Monde seniors SHPL 8+ 1ier
2002 Championnat du Monde seniors SHPL 4- 6ième
2003 Championnat du Monde seniors SHPL 4- 14ième
2004 Championnat du Monde seniors SHPL 2- 5ième
2005 Championnat du Monde seniors SHPL 4- 1ier
2006 Championnat du Monde seniors SHPL 4- 2ième
2007 Championnat du Monde seniors SHPL 4- 2ième
2008 Jeux Olympiques SHPL 4- 4ième
2009 Championnat d'Europe seniors SHPL 4- 1ier
2009 Championnat du Monde seniors SHPL 2- 1ier
2010 Championnat d'Europe seniors SHPL 2- 1ier
2010 Championnat du Monde seniors SHPL 2- 1ier
2011 Championnat du Monde seniors SHPL 8+ 4ième
2012 Championnat du Monde seniors SHPL 2- 3ième
(Propos recueillis par Bertrand Vecten)
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